Alors qu’un nouveau dysfonctionnement a nécessité l’arrêt d’une unité de production, un décret autorisant la fermeture de Fessenheim vient d’être publié. Promesse-phare de François Hollande, cette abrogation est intervenue à seulement quelques jours des élections présidentielles, soulevant quelques interrogations.
Un « incident sans risques » à Fessenheim
Un dysfonctionnement qui ne présenterait aucun risque a eu lieu dans la partie non-nucléaire de Fessenheim. Un incident qui a nécessité l’arrêt momentané de l’unité de production numéro un. A noter qu’il s’agit du second arrêt d’un réacteur dans la centrale nucléaire. En effet, en juin dernier, le réacteur numéro un avait déjà été arrêté à la demande de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Arrêt décidé suite à la découverte d’une anomalie lors d’une opération de maintenance. Là encore, il ne s’agissait pas d’un incident grave. Mais le réacteur n’a toujours pas été remis en service à l’heure actuelle.
La fermeture de Fessenheim en 2018
Le conseil d’administration d’EDF a donc approuvé le 6 avril la demande d’abrogation de l’exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim. Ce conseil d’administration est composé de six administrateurs salariés et de six administrateurs indépendants, dont Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe. Cependant, cette demande d’abrogation ne sera pas effective dans l’immédiat. En réalité, EDF devra l’adresser dans les six mois précédant la mise en service de l’EPR de Flamanville. Cette mise en service n’interviendra qu’au début de l’année 2019.
Une abrogation controversée
Cette abrogation faisait partie des promesses de campagne de François Hollande. Certains dénoncent donc une stratégie de communication à quelques jours des élections présidentielles.
Peu d’avis positifs sur la fermeture de Fessenheim
Ségolène Royal, actuellement Ministre de l’Environnement et de l’Energie, affirme « c’est dit, c’est fait ». Elle précise également que la fermeture de Fessenheim n’entraînera « aucune suppression d’emplois par EDF». Affirmation soutenue par le fait qu’un « vaste chantier industriel de démantèlement va pouvoir démarrer ». Emmanuel Macron ajoute « C’est une décision responsable, je la confirmerais si je suis élu ».
Mais de nombreux avis négatifs
Marine Le Pen déclare au contraire que la fermeture de Fessenheim n’est qu’une « décision idéologique prise sous la pression des Verts », parti défendant l’écologie, notamment en demandant la fermeture de nombreuses centrales nucléaires. Marie-Claire Cailletaud, porte-parole de la Fédération Mines Energies de la CGT dénonce « un enfumage complet de la part de Ségolène Royal ». William Viry-Allermoz, secrétaire général du syndicat CFE Energies d’EDF, rejoint le point de vue des deux femmes. Il en accuse cette décision d’être une simple « précipitation purement électoraliste ».
Une fermeture sous conditions
La fermeture de la doyenne des centrales françaises ne se fera qu’à certaines conditions. Tout d’abord, le décret stipule que la fermeture ne sera effective qu’à compter de la mise en service de l’EPR, toujours en cours de construction à Flamanville, dans la Manche. En outre, cette fermeture ne sera définitive qu’à condition qu’EDF soit en mesure de respecter les niveaux imposés par la loi sur la transition énergétique. Le parc de réacteurs nucléaires d’EDF devra être en mesure de rester à son niveau actuel de 63.2 gigawatts. Des conditions qui confirment « l’enfumage » selon Martial Château du réseau Sortir du Nucléaire. En effet, il affirme que le réacteur Paluel 2 est condamné et qu’EDF en profitera donc pour annuler la fermeture de la centrale, arguant du fait qu’il lui sera sinon trop difficile de respecter le plafond imposé.
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